mardi 17 juin 2008

Quelques secondes de bonheur

Il y a des gens qui ont un don.
Certains c'est le ballon rond, d'autres la peinture, les plus nombreux d'être des casses- noisettes des rabats- joies. Eric Padovani avait le don d'alléger le temps. C'était un magicien, un saltimbanque, un révolutionnaire, un médecin.
Certains ont besoin pour exercer leurs talents d'un environnement luxueux, style scène de théâtre, écran de cinéma, voire de télévision. Ils deviennent célèbres et fortunés. Pour lui rien de tout ça. Sa magie était de transformer jour après jour sa tournée en un beau spectacle. Le plateau itinérant : son camion- benne. Les seconds rôles : ses fidéles compagnons de travail, qui prenaient un malin plaisir à lui laisser la vedette.
Et tous les matins, de rue en rue, de maison en maison, tout en faisant voltiger avec dextérité les containers , qui finalement n'étaient que le prétexte pour échanger avec son public, il distillait de son ton de voix haut et chaleureux sa médecine homéosympathique, il dégoupillait tel un Che Guévara, des vannes jamais méchantes et c'était comme une mini tornade de bonheur qui nous balayait.
On se prend à rêver, à l'imaginer là haut, reformant une dream team et organisant une tournée dans un quartier qu'il aimerait et où les gens ayant moins de soucis et de contraintes emboiteraient le pas pour profiter plus longtemps du spectacle et l'on verrait ainsi défiler une benne en folie suivie par une foule de gens morts de rire.

Le samedi 14 juin, au petit matin, quelques secondes de malheur, une auto maudite à sectionné net le fil de notre saltimbanque qui ne pourra plus donner sa représentation. Des (sous) hommes ont abandonné notre magicien sur la chaussée... c'est très dur... Nous imaginons à quel point il va manquer à sa famille, à ses amis, à ses compagnons de travail et à son quartier...
Monsieur Padovani, merci.

-gérard et l'équipe de Chez Aldo-

1 commentaire:

marco a dit…

Gérard, je connaissais comme tout le monde dans le quartier ce grand bonhomme que tu décris. Je suis passé en marchant place engualière samedi matin et j'y ai croisé deux dames en pleurs. De toute évidence, elles le connaissaient aussi.
Je pleure avec elles et refuse que l'on puisse laisser sous nos propres fenêtres, sur la route de nos écoles, nos voisins, le père des amis de nos enfant crever comme un chien sur le macadam. La suite?