dimanche 22 juillet 2018

Du coté de... la circulation

Article en première page de la Provence ce matin (dimanche 22 juillet).


Marseille : mais quelle galère entre Callelongue et Vieille-Chapelle !

C’était le 1er juillet dernier, peu après 16h. Un bouchon phénoménal s’étirait sur plus de 5km, entre Callelongue et Vieille-Chapelle

Par Antoine Marigot

Dimanche 8 juillet, aux alentours de 17 h et comme la semaine précédente, le trafic était totalement saturé, sur la route du littoral en direction de la ville.  Ph. dominique marché
Près d’un millier de véhicules était pris au piège du premier grand dimanche de l’été, sur la seule route qui dessert le bout du monde.  Ils mettront deux heures pour sortir de la souricière, direction la ville et ses échappatoires.
Les nerfs à vif, dans une symphonie de klaxons, et une atmosphère chargée en gaz d’échappements, ils fulminent : "Mais quel bordel! C’est de pire en pire…" Et c’est justement parce que la situation s’aggrave d’année en année que les habitants, les associations, ont décidé d’alerter une nouvelle fois les autorités publiques. De son côté, le Parc national des calanques a lancé des concertations pour dégager quelques pistes et endiguer le problème. L’une d’elle fait son chemin, et porte sur les restrictions de circulation...
Pare-chocs contre pare-chocs, voilà près de dix minutes qu'ils n'ont pas parcouru le moindre mètre. Alors, ces Gardois sont sortis de leur voiture. Sur la pointe des pieds, une femme jette son regard dans cette interminable file de voitures, parfois en travers de la route. C'est sans espoir. Il lui faudra patienter près de deux bonnes heures avant de s'échapper du littoral sud marseillais. Du rêve de calanques au cauchemar de la circulation, il n'y a qu'un pas. Et il suffit de s'y pointer en été, un dimanche de préférence, pour le franchir...
"Tous les étés, on a la même problématique." Thierry habite sur le boulevard de la Grotte-Rolland, perpendiculaire à l'avenue de la Madrague-de-Montredon, l'une des scènes dantesques de ces bouchons estivaux à Marseille. "En général, ça commence lors des week-ends d'avril lorsque le beau temps arrive. Puis tous les jours de juillet et d'août", décrit-il. Avec, à chaque fois, la même procession de véhicules qui, du matin jusqu'en milieu d'après-midi rejoignent le bout du monde. "Au retour, dès 16 h, toutes ces voitures qui se sont engouffrées reviennent d'un coup. Et là commencent les premiers bouchons, les automobiles s'additionnent depuis les Goudes sur le seul axe de retour vers la ville, reprend Thierry. Au final, on a 900 voitures sur 5,5 km entre Callelongue et la fin de la Pointe-Rouge."

On en parle... sur Wikipédia !

Conséquence, les automobilistes tentent de s'échapper par la moindre voie qui quitte la route du littoral. Et reviennent fatalement au point de départ quelques minutes plus tard, pris au piège, "comme des poissons dans une nasse".
"C'est même écrit sur Wikipédia ! Dans la première phrase de la page consacrée aux Goudes il est noté : "L'affluence touristique est telle qu'il faut plusieurs heures pour y circuler en voiture le week-end". Quand les touristes viennent et vivent l'enfer sur la route, quelle image ça donne de Marseille ?", s'interroge Cédric, le voisin de Thierry.
C'est finalement au début du mois que les habitants, parfois réunis en association de santé ou en comité de quartier ont envoyé une synthèse à Claire Pittolat, la députée LREM de la circonscription concernée, et à Yves Moraine, maire LR des 6-8. La préfecture ainsi que "d'autres élus et décideurs publics" recevront par la suite ces mêmes informations et témoignages de Marseillais sidérés.
"J'ai écrit à la mairie et la Métropole. J'ai également informé le préfet et l'Agence régionale de santé. J'ai aussi échangé avec le ministère des transports dans la perspective de la Loi d'orientation sur les mobilités", nous indique la députée.
Pour Yves Moraine, "tous les sites extraordinaires de France et du monde connaissent cette même problématique. Mais cela ne veut pas dire qu'il faut s'y résoudre". Puis de rappeler qu'en 2014, il avait sollicité l'Agam, "qui n'avait pas donné de solution miracle, mais que des moyens palliatifs à moyen terme."
Or, dans ses conclusions, qui datent désormais de 2014, l'agence d'urbanisme de Marseille évoquait notamment la mise en place de navettes dédiées entre Pastré et Callelongue, ainsi qu'une restriction de la circulation avec contrôle d'accès. Et d'aucuns disent que la solution se trouve justement là...

Il débouchera sur la Pointe-Rouge, quid du Boulevard urbain sud ?  

Le Boulevard urbain sud (Bus) doit relier à l'horizon 2022 l'échangeur Florian (10e) à la Pointe-Rouge(8e).
Le Boulevard urbain sud (Bus) doit relier à l'horizon 2022 l'échangeur Florian (10e) à la Pointe-Rouge(8e).photo dr
Il doit, d'ici 2022, permettre de rejoindre la Pointe-Rouge depuis l'échangeur Florian à Saint-Loup. Le Boulevard urbain sud débouchera donc dans les quartiers sud de Marseille, là où la circulation se fait de plus en plus difficile en été, le week-end de surcroît.
Pour certains, il sera un facteur aggravant. C'est le cas de nombreux habitants de la Pointe-Rouge et de la Madrague-de-Montredon, dont Cédric, qui vit à deux pas de l'avenue de la Madrague-de-Montredon où se concentre le gros des bouchons en été. "Le Boulevard urbain sud va forcément aggraver le problème : on a déjà une saturation sur le littoral et le Bus prévoit un afflux de milliers de véhicules supplémentaires. Ça va donc accentuer le problème. D'ailleurs, le slogan de la Métropole pour le Bus, c'est ‘En route vers le littoral'. Tout est dit..."
Du côté de la Métropole, le son de cloche est tout autre... "Le Boulevard urbain sud va avoir un impact positif sur la circulation générale dans le secteur.Bien que difficile à quantifier, il est certain qu'il va faciliter l'accès vers la Pointe-Rouge avec une évacuation plus facile des flux venant du Sud." Puis elle nuance :"Il demeure tout de même la nécessité de réfléchir à un modèle d'accès faisant davantage de place aux transports en commun afin de décongestionner le trafic."

Restreindre la circulation: vraie ou fausse bonne idée ?  

Une interdiction de la circulation à la Madrague de Montredon pour les non-riverains, comme c'est le cas à Sormiou (ci-dessus), a été envisagée.
Une interdiction de la circulation à la Madrague de Montredon pour les non-riverains, comme c'est le cas à Sormiou (ci-dessus), a été envisagée.Photo archives C.MS.
Et si l'accès au littoral sud devenait, à l'instar d'autres lieux, restreint? Une fermeture aux automobiles lors des pics estivaux de fréquentation, avec vignette résident et un ambitieux système de navettes? La question mérite d'autant plus d'être soulevée qu'elle a été évoquée lors des concertations du Parc national des Calanques (PNC), dont la dernière réunion s'est tenue le 29 mai en présence de différentes parties prenantes dont les comités d'intérêt de quartier, l'association Santé littoral Sud et des techniciens de la Métropole. "Il y a déjà ce consensus : ne pas ajouter de voie de circulation ni de parking entre la Madrague et la Vieille-Chapelle", indique Michel Cuchet, membre du conseil économique et social du Parc des Calanques, avant d'entrer dans le vif du sujet: "Il a été discuté de la nécessité d'instaurer une interdiction de la circulation à la Madrague-de-Montredon pour les non-riverains, comme ça arrive à Sormiou. Ça devient de plus en plus nécessaire car l'attractivité du Parc des Calanques fait que désormais, les gens viennent en toutes saisons."
"J'ai rencontré le directeur du Parc national des Calanques cette semaine et il se confirme qu'il n'y a pas de solution miracle", nuance Yves Moraine, le maire des 6-8, par ailleurs "conscient que la situation passe parfois du difficile à l'insupportable", comme en ce début d'été. "Il a donc été évoqué de restreindre un moment la circulation sur cette route. Mais là, il se pose quatre questions !", martèle l'édile. "À partir d'où? Pour qui? Comment ? Et en quelle saison? J'ai donné mon accord au directeur du PNC pour que le débat soit ouvert autour de ces questions-là."
Pour la Métropole, "l'idée de fermer le trafic certains jours d'été constituerait une forte restriction à la liberté de se déplacer, qui serait sans doute très contestée. Elle pourrait être envisageable uniquement si une vraie alternative, à savoir des navettes à très haute fréquence ainsi que des parkings relais, était à l'étude".
Alors, faute de grandes ambitions à long terme, il reste ces "aménagements de voirie légers", dixit les services de la Métropole, dont l'étude est en cours "avec la mairie des 6-8". Mais aussi une présence policière pour tenter de fluidifier la circulation. "J'ai sollicité le maire de Marseille et il m'a appuyé pour qu'en fin de journée, des policiers filtrent le flux de circulation en neutralisant le feu tricolore", indique Yves Moraine. Qui ressort son projet de "sentier des douaniers à la marseillaise, qui irait du David jusqu'à Callelongue. Le Parc l'a retenu et va le pousser à fond. Car les gens n'arrêteront pas de prendre leur voiture si on ne leur propose pas une solution."

2 commentaires:

Anonyme a dit…

pourquoi ne parle t on plus de la voie Pastré ? seule solution réaliste et réalisable préconisée en 1992 par les urbanistes de l'époque. Voie de delestage qui permettrait de fluidifier un trafic saturé à cause des constructions multiples et une urbanisation galopante depuis 20 ans sans voie adaptée, avec une seule et unique route.
pourquoi ? pour privilégier l’intérêt de quelques particuliers au détriment de toute une population,prise en otage des goudes jusqu'à la vielle chapelle. avec de surcroit une situation qui s’est aggravée avec le mise en place d'un plan de circulation tout aussi "fantaisiste" qu'inutile...réalisé avec les fonds publics.

Marie-France a dit…

Bonjour, la seule solution realiste est
la voie Pastré... Une evidence mais qui ne convient pas à quelques riverains privilégiés, au détriment de la majorité...